Quels avantages pour les habitants ?
Pour les résidents, l’installation de ces systèmes signifie moins de consommation d’eau potable, des factures d’eau potentiellement plus basses et une contribution active à une Barcelone plus durable. La ville espère aussi renforcer une culture de la gestion responsable de l’eau auprès des citoyens.
Cependant, ces installations exigent un investissement initial important et un entretien régulier. Beaucoup de promoteurs et propriétaires craignent des coûts élevés et un suivi technique complexe.
Critiques : une avancée insuffisante ?
Plusieurs associations environnementales, dont CICrA Justicia Ambiental, estiment que l’ordonnance reste trop timide. Le texte final n’a pas intégré certaines propositions citoyennes comme l’installation systématique de réducteurs de débit, chasses d’eau à double flux ou la surveillance des gros consommateurs pour réduire l’usage global de l’eau.
L’absence de contrôle et de suivi obligatoire pour garantir l’application réelle de la loi est également critiquée, laissant penser que Barcelone aurait pu aller plus loin dans la construction d’un modèle vraiment durable.
Les systèmes biologiques en danger face au chlore
L’application du décret royal 487/2022 sur la prévention de la légionellose pose un défi majeur : l’ordonnance impose que les systèmes résistent à des désinfections à 30 mg/l de chlore. Or, ce traitement est incompatible avec les systèmes biologiques de traitement des eaux grises, comme la phytoépuration ou les bioréacteurs à micro-organismes.
À ces niveaux de chlore, plantes et bactéries meurent, rendant ces solutions inutilisables sans réensemencement coûteux. La réglementation semble donc favoriser des systèmes physico-chimiques et mécaniques, au détriment des alternatives naturelles pourtant plus écologiques.
En l’état, les propriétaires devront assumer la responsabilité : choix du système, maintenance, gestion des risques et frais en cas de traitements extrêmes.
Barcelone vers un modèle de ville durable
Cette ordonnance marque un premier pas vers une gestion durable de l’eau urbaine, mais sa réussite dépendra de la capacité à rendre viables les solutions biologiques et à renforcer les contrôles. Si Barcelone parvient à surmonter ces défis, elle pourrait devenir un modèle pour d’autres villes en quête de résilience climatique.
Dans un contexte de crise climatique et de pénurie d’eau, la réutilisation des eaux grises n’est plus une option mais une nécessité. Chaque goutte économisée contribue à bâtir une ville plus résiliente et durable.